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Ta vie ou la mienne, de Guillaume Para

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Guillaume Para est un ancien journaliste politique et passionné de football, Ta vie ou la mienne est son premier roman édité par les éditions Anne Carrière. De multiples univers différents se côtoient dans son récit, des univers qui semblent tellement opposés. Mais à travers ses trois personnages principaux, l’auteur dépasse les clivages sociaux et les préjugés.

Orphelin de mère et malmené par son père, Hamed grandit à Sevran avec son grand frère. A l’âge de huit ans après la mort de son frère et de son père, il part vivre à Saint Cloud chez son oncle et sa tante. Une vie loin des cités et de la violence. Hamed va y trouver son meilleur ami, François, sa passion pour le football, et son premier amour, Léa. Elle vient de la haute bourgeoisie, un autre monde. Hamed est heureux et a tout pour lui. Mais un événement vient bousculer ce bonheur naissant. Et Hamed passe quatre années à Fleury-Mérogis où il va côtoyer une violence extrême. Il va sombrer dans la rage, l’envie de vengeance et la haine.

J’ai beaucoup aimé le rythme du récit et sa construction. Le premier chapitre nous intrigue avec un récit dans le présent, on découvre Léa adulte et avocate qui souhaite travailler sur un cas de braquage. Puis on plonge en arrière pour retracer l’enfance d’Hamed et sa rencontre avec François et Léa. Et on attend que la boucle se referme pour revenir au début du roman.

Guillaume Para nous livre un récit qui parvient à éviter la caricature facile de la lutte des classes. Je me suis réellement attaché au personnage d’Hamed. Mais également à François et Léa. Ce sont des personnages réalistes. Au delà des apparences, l’auteur gratte la surface pour montrer aux lecteurs les blessures et déchirures. Sans jamais faire dans le larmoyant ou le pathétique.

Ta vie ou la mienne : un récit poignant

Même si Hamed est méfiant en arrivant à Saint-Cloud, en rencontrant François. Il se répète que cet univers n’est pas pour lui, qu’il vient des cités et sera toujours un enfant des cités malgré tout. Il se laisse finalement embarquer et dépasse ses préjugés. Sa passion pour le football est un fil conducteur dans le récit. Même si je n’ai aucun amour pour ce sport, l’auteur nous le rend ici magique. Parce qu’il parvient à révéler Hamed et à le rendre heureux même dans ses pires moments.

“[Hamed], avec un ballon, il ne ressemblait qu’à lui-même. On aurait dit un artiste balle aux pieds. Il était le funambule sur un fil qui ne perd jamais l’équilibre, l’acrobate qui peut faire ce qu’il veut avec son corps sans que personne ne s’y attende. Et puis, il était heureux…”

Et puis on découvre la vie carcérale. Hamed passe du paradis à l’enfer et doit apprendre à survivre. Ce passage est également d’une grande justesse. L’auteur décrit le changement d’Hamed, sa transformation en peu de mot. Il s’enferme dans une colère et une rage qui vont le changer même après sa sortie de prison.

C’est donc un récit que j’ai lu d’une traite, qui m’a pris aux tripes et m’a fait pleurer. Je n’aurais certainement jamais lu ce roman si l’auteur, Guillaume Para, ne m’avait pas contactée pour me le faire découvrir. Je ne peux que le remercier pour cette lecture et j’espère que ce premier roman sera suivie par de nombreuses autres parutions.

Ta vie ou la mienne, de Guillaume Para
aux éditions Anne Carrière (février 2018)
195 pages

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