Petit Pays, de Gaël Faye

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Le premier roman de Gaël Faye, Petit Pays, a été remarqué dès sa sortie en recevant le Prix Fnac 2016 et tout récemment le Prix Goncourt des lycéens. Et surtout en étant sur les sélections des Prix Fémina, Médicis, Interallié, de l’Académie française, Renaudot et Goncourt. Il est présent partout et c’est justifié. Le récit de Gaël Faye n’est pas autobiographique mais de nombreuses similitude le lie à son personnage : Gabriel.

petit paysRésumé :

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…

Petit Pays : le regard d’un enfant sur l’imminence de la guerre

Mais également sur la difficulté pour Gabriel de se construire une identité dans ce contexte. Gabriel, le personnage principal, vit au Burundi avec sa mère rwandaise, son père français et sa soeur. Les premiers chapitres se passent en douceur, le quotidien d’un enfant avec l’école, les parents, les copains et les nombreuses bétises. Mais on sent une tension politique monter, gronder même au Rwanda comme au Burundi.

J’ai aimé voir l’histoire du point de vue de Gabriel. Il ne sait pas réellement ce qu’il se passe, son père ne voulant pas lui parler de politique. Cela rend l’histoire intéressante et surtout nous fait comprendre la chronologie des évènements. Je ne savais que peu de choses sur l’histoire du Burundi et du Rwanda dans les années 90′, je connais bien sûr le génocide des Tutsi en 1994 mais je me suis rendu compte dans cette lecture ne pas réellement connaître les causes et les conséquences. Donc je n’ai pas pu m’empêcher après ma lecture de Petit Pays de me documenter sur l’histoire du Rwanda au 20ème.

Une violence sous-jacente

On sait ce qu’il va advenir. C’est ce qui rend cette lecture particulièrement difficile. J’ai lu assez rapidement la première partie du roman où on apprend à connaître Gabriel et son entourage. Mais quand l’approche des évènements tragique s’est fait sentir, je n’ai pas pu m’empêcher de ralentir ma lecture. Gabriel fuit lui-même ce qui se passe et souhaite retrouver l’insouciance d’avant. Grâce à sa voisine, Mme Economopoulos une réfugié greque, il découvre la littérature :

– Un livre peut tout changer ?
– Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis.

C’est un revirement également pour le jeune garçon. La littérature lui permettra de grandir et de réfléchir par lui-même :

Dans ce havre de verdure, j’apprenais à identifier mes goûts, mes envies, ma manière de voir et de ressentir l’univers.

La découverte de la littérature par Gabriel est un passage que j’ai beaucoup aimé lire (et re-lire).

C’est un premier roman réussi qui m’a captivé, il mérite ses nombreuses critiques positives. L’auteur parvient à évoquer une période très difficile et violente sans surexposer cette violence.

Petit Pays, de Gaël Faye
aux éditions Grasset
sorti le 24 août 2016
Genre : contemporain, historique
224 pages

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