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Dmitry Glukhovsky donne un sursis à la vie par Texto

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Le smartphone est devenue l’outil de nos principaux moyens d’expression aujourd’hui. On peut même se demander s’il n’est pas l’outil le plus important, supérieur à la parole qui fonde l’échange direct avec les personnes que nous rencontrons dans la vie. Mais si l’on utilise les smartphones pour communiquer uniquement par écrit en utiisant notamment un Texto, alors usurper l’identité d’une personne pourrait bien être d’une facilité confondante.

C’est sur cette possibilité que repose Texto de Dmitry Glukhovsky. Ilya Lvovitch sort de prison après 7 ans et revient à Moscou. Condamné pour un crime qu’il n’a pas commis alors qu’il avait 18 ans et qu’il devait entrer à l’université, il ne rêve que d’une chose, revoir sa mère qui l’a élevé seule et goûter le chtchi qu’elle lui aura sûrement préparé pour son arrivée.

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Hélas pour Ilya, lorsqu’il arrive chez lui, il apprend que sa mère est décédée depuis deux jours seule chez elle. Il ne reste qu’un plat de chtchi dans la cuisine. Ilya est seul, sans perspective d’avenir. En colère, il retrouve Petia Khazine, le flic véreux qui l’a mis en prison en le faisant passer pour un trafiquant de drogue. Le croisant dans une ruelle sombre à la sortie d’une boîte de nuit, il le tue et prend possession de son téléphone portable.

Alors qu’Ilya est seul, repoussé par tous ceux qu’il a connu avant la prison, sans perspective d’avenir, le téléphone de Khazine devient en quelque sorte sa bouée de sauvetage. Ilya commence d’abord par explorer la vie de Khazine, partagé entre le plaisir de sa vengeance et sa quête de compréhension de l’acte qui l’a mené en prison.

Mais rapidement cela tourne à l’obsession. Ilya devient Khazine. Le bourreau devient la victime et l’ancienne victime se met à la place de son bourreau de 2009. A cela s’ajoute la culpabilité pour Ilya, sans le sou, de ne pas pouvoir offrir d’obsèques dignes de ce nom à sa mère. Quel fils indigne. Indigne comme Khazine en fait !

A défaut de pouvoir remettre sa vie dans le droit chemin, sans argent, sans personne pour l’épauler, sans la moindre perspective d’avenir et victime d’un meurtre sur un agent de police pour lequel, en tant qu’ancien taulard, il ne sera pas pardonné, Ilya va donc en arriver à essayer de réparer son crime contre Khazine en fantasmant la vie qu’il aurait pu avoir.

Evidemment, cela a beaucoup été écrit à l’époque de la sortie de Texto en 2017, il y a du Crime et Châtiment dans ce roman. A l’instar de Raskolnikov, Ilya cherche un chemin vers la rédemption. Cette rédemption n’est pas pour la postérité ni pour une quelconque gratitude, une rédemption pour honorer la mémoire de sa mère et reposer en paix. Car la fin semble bel et bien inéluctable.

Si Ilya cherche une sortie au fil des pages, au final tout ce qui lui reste dépend du portable de Khazine, et sans chargeur à sa disposition, il conserve tout au long de ce roman la certitude que la fin est proche.

NOS NOTES ...
Histoire
Personnages
Style
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dmitry-glukhovsky-donne-un-sursis-a-la-vie-par-textoDans ce Texto de près de 500 pages, Dmitry Glukhovsky nous présente une autre facette sombre de la vie des russes et d'une jeunesse dont les perspectives semblent étroites. L'inspiration de Dostoïevski est évidemment présente, mais remise à la sauce de ce Moscou de 2016, où les Tsars ont laissé la place au Tsar Poutine, où la dictature communiste et ses goulags a laissé la place à une pseudo démocratie et ses prisons de Sibérie. Comme toujours avec Glukhovsky, on se doute qu'il n'y aura pas de happy end, mais c'est normal, les happy end c'est pour les Américains. Les Russes ont une autre voie, bien plus dramatique !