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Poison City, un manga pour la liberté d’expression

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Alors que le tome 1 de Noise, le dernier manga de Tetsuya Tsutsui vient de paraître chez Ki-oon, c’était l’occasion de remettre le nez dans d’autres titres du mangaka. J’ai jeté mon dévolu sur Poison City, un titre d’anticipation mais qui n’est pas si éloigné de la réalité.

D’ailleurs, c’est son expérience personnelle qui a inspiré Tetsuya Tsutsui pour écrire Poison City. Tout commence en 2009, quand son manga Manhole est classé par l’Agence pour l’enfance et l’avenir de la préfecture de Nagasaki comme une œuvre nocive pour les mineurs.

Ce n’est que quatre ans plus tard que Tetsuya Tsutsui apprend ce classement. Sous le choc, il essaie de faire déclasser son manga des œuvres nocives. En se penchant sur les fondements de ce classement, il comprend à quel point celui-ci est arbitraire et ne tient pas compte du message de l’œuvre. Seul les dessins sont pris en compte. Un peu court pour juger d’un manga.

Poison City est contrôlé par les réactionnaires

Cette expérience le pousse donc à écrire Poison City. Le manga se déroule à Tokyo en 2019. Mikio Hibino est un jeune mangaka qui se consacre à 200% à la création. A tel point qu’il vit coupé du monde. Or, dans le même temps, une vague de puritanisme traverse le pays.

Un fait divers où un jeune garçon aurait tué une autre personne aurait été provoqué par un manga. Monté en épingle par des médias moutonniers et des élites réactionnaires, une loi contrôlant les œuvres des artistes est adoptée. Les créations passent devant une commission qui jugent si les œuvres, voire même leurs auteurs, sont nocifs pour la jeunesse.

Tsutsui s’est donc inspiré largement de son histoire personnelle. On découvre donc au fil des pages comment Mikio Hibino se consacre sans compter pour écrire un manga d’horreur ultra-réaliste. Une histoire classique ou un jeune homme et une jeune fille essaient de sauver le monde alors qu’un virus se répand dans le monde.

Une censure basée sur l’hypocrisie

Malheureusement dès qu’il présente son synopsis à son éditeur, on commence à parler à Mikio de faire des compromis. Au fil des pages des deux tomes de l’histoire, on voit ces compromis devenir de plus en plus important. Ils vont même jusqu’à dénaturer l’œuvre qu’essaie de créer le mangaka. En bref, l’art devient contrôlé par le gouvernement !

Tetsuya Tsutsui va même jusqu’à imaginer un personnage du nom de Shingo Matsumoto qui n’a plus de mangaka que le nom. Connu pour être le premier auteur classé comme nocif, il continue d’écrire mais uniquement des histoires et des dessins validés par le gouvernement. En fait, il ne fait plus que recopier les dessins de ses mangas.

Une société évidemment qui n’a plus grand chose de libre. Comme toujours, c’est en prétendant défendre les plus faibles, comme les enfants que l’on peut se permettre d’enlever des libertés. Mais tout cela ne repose jamais que sur de l’hypocrisie comme le démontre avec brio Tetsuya Tsutsui ! Une histoire en 2 tomes à découvrir absolument chez Ki-oon éditions.

NOS NOTES ...
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poison-city-un-manga-pour-la-liberte-dexpressionPoison City est d'autant plus inquiétant qu'il est tiré d'un épisode de la vie de Tetsuya Tsutsui. Ou comment des autorités veulent-elles prendre le contrôle de l'art et de la création et décider de ce qui est bon ou pas pour les citoyens sans se préoccuper du message porté par les artistes. De Mikio à son éditeur en passant par Shingo Matsumoto ou l'insupportable responsable de la commission, le mangaka nous immerge dans une histoire qui a l'air bien trop vrai. Poison City est un manga qui rappelle qu'il ne faut jamais céder un pouce sur la liberté en général et la liberté d'expression en particulier.