Paru le 6 septembre dernier, Alma est le dernier livre de Cizia Zykë. C’est un conte paru à titre posthume chez Taurnada, puisque Cizia Zykë est mort le 27 septembre 2011.
Comme le confie Thierry Poncet dans la préface, Cizia Zykë était malade et savait son temps conté lors de l’écriture de ce conte. Cela ne veut pas dire qu’il avait perdu de sa verve, bien au contraire.
Dans Alma, il nous raconte l’histoire d’une petite fille qui vient au monde dans l’Espagne au Moyen Âge sous le rigne d’Isabelle la catholique. Mais ce règne, c’est surtout celui de Torquemada et de la barbare inquisition.
Alma est juive. Mais elle n’est pas comme les autres. Elle semble avoir d’étranges pouvoirs. Elle assure qu’elle parle à Dieu et surtout que Dieu lui répond. Une affirmation dangereuse en cette époque. Sa famille est massacrée et elle doit fuir sa ville natale. Une famille juive la recueille à Séville.
Alma nous montre que la barbarie existe toujours aujourd’hui
Evidemment connaissant Cizia Zykë on se doute que ce conte va se finir de manière cruelle. Après tout nous sommes en Espagne pendant l’inquisition. La jeune fille innocente qui parle à Dieu ne pourra pas fuir. Non elle ne peut pas fuir, mais elle peut être ce qu’elle est, c’est-à-dire Alma, cette fille qui parle à Dieu.
Alors que l’on voit la situation empirer constamment pour les juifs, elle ne change rien. Elle continue de nourrir les chiens errants. Elle regarde les spectacles de nomades venus d’on ne sait où et elle rit. Et elle apporte le réconfort à ceux qui se sentent menacés ou qui ont déjà tout perdus.
Au fil des pages, Cizia Zykë s’adresse aussi directement aux lecteurs. Ils nous interpelle, nous invective. Ici l’ironie tourne à plein régime. Oh comme la pauvre Alma est dans une situation dangereuse et comme nous avons de la chance puisque cette barbarie n’a plus cours aujourd’hui. L’antisémitisme et les discriminations de toutes sortes ont disparu de nos jours c’est bien connu.
Je ne dévoilerai pas ici la fin du conte, mais elle est à l’aune du reste de l’histoire. Pas étonnant de la part de Zykë qui avait affirmé à Thierry Poncet : « L’écrivain n’a pas le droit de tricher. Ou alors tout est perdu ». Cizia Zykë n’a pas triché, jusqu’au bout, et c’est nous qui y gagnons un livre dont le message risque d’être d’actualité longtemps.
[…] disponible dans une réédition aux formats papier et numérique le 14 mars prochain aux éditions Taurnada. Ce nouveau thriller s’annonce angoissant à […]