La force des grands films c’est de dépasser le message initial et de rester encore et toujours d’actualité. C’est le cas du film de John Carpenter Invasion Los Angeles aka They Live en version originale.
Le personnage principal du film s’appelle Nada. Joué par le catcheur Roddy Piper, Nada est un ouvrier du bâtiment qui cherche à survivre alors que l’économie va mal. Mais tout va changer lorsqu’il découvre une paire de lunette qui va changer sa vision du monde.
En les portant, il découvre le monde tel qu’il est vraiment. La population est bombardée de messages subliminaux comme “Restez endormis”, “Pas d’imagination”, “Soumettez-vous à l’autorité”. Mais ce n’est pas le plus effrayant. Nada se rend compte qu’une partie de la population est en fait extra-terrestre et veut prendre le contrôle de la planète.
Invasion Los Angeles s’attaque à l’oppression économique
Evidemment la première raison pour lequel Invasion Los Angeles reste d’actualité c’est la prise de contrôle de l’économie par des acteurs multinationaux. Une situation bien résumé par cette citation d’un clochard du film :
They are dismantling the sleeping middle class. More and more people are becoming poor. We are their cattle. We are being bred for slavery.
Et quand les gouvernements essaient de soutenir une filière en danger, les actionnaires prennent la monnaie et se cassent comme le confie Frank.
The steel mills were laying people off left and right. They finally went under. We gave the steel companies a break when they needed it. You know what they gave themselves? Raises.
Alors que l’on parle sans cesse aujourd’hui des GAFA et de leur poids menaçant sur l’économie mondiale, le film de John Carpenter est plus d’actualité que jamais. Le bien des actionnaires et des investisseurs est bien loin d’être le même que celui de la majorité de la population.
John Carpenter dessoude la télévision
Si Invasion Los Angeles reste encore plus que jamais d’actualité c’est aussi pour sa critique des médias. Le message qui est porté parmi les faiseurs d’opinion et notamment à la TV est bien différent de la réalité que celui que vivent les ouvriers et tous ceux qui essaient de survivre.
The feeling is definitely there. It’s a new morning in America… fresh, vital. The old cynicism is gone. We have faith in our leaders. We’re optimistic as to what becomes of it all. It really boils down to our ability to accept. We don’t need pessimism. There are no limits.
Alors qu’on ne peut que constater le formatage des médias aujourd’hui et le comportement moutonnier de ceux-ci qui ne font que répéter les mêmes nouvelles en boucle, on peut se dire que Carpenter a tapé juste. Tellement juste que cela en fait presque peur.
La critique de la télévision est acerbe avec plusieurs séquences où l’on voit des personnes quasiment hypnotisées par le petit écran sans se rendre compte de ce qui se passe autour d’elles. Car si John Carpenter critique les médias, il critique aussi les gens qui sont bien heureux de se contenter de ce qu’on leur offre.
Sans dévoiler la fin d’Invasion Los Angeles, ce n’est pas un film qui se termine avec un happy end. Dans le plus pur style de Carpenter, le film se finit par un doigt fièrement dressé contre la société sur un constat terrible : quoiqu’il arrive il y a toujours une caste qui oppresse d’une manière ou d’une autre la majorité de la population.
Maybe they’re always been with us… those things out there. Maybe they love it… seeing us hate each other, watching us kill each other off, feeding on our own cold fuckin’ hearts…