Mort ou vif, de Tom Clancy

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Synopsis:

Le Campus : une organisation secrète, créée sous l’administration du président Jack Ryan, chargée de traquer, localiser et éliminer les terroristes. Et tous ceux qui les protègent. Son pire ennemi : l’Émir, un tueur insaisissable, qui a programmé la destruction de l’Occident. Ses hommes : Jack Ryan Jr et ses cousins, plus quelques recrues de choc. Leur mission : prendre l’Émir. Mort ou vif ! Nºl des ventes aux États-Unis, Mort ou vif signe le retour tant attendu du maître incontesté du techno-thriller. Comme toujours, parfaitement informé des enjeux politiques et militaires les plus secrets de la planète, l’auteur d’À la poursuite d’Octobre rouge et du terrifiant Sur ordre qui avait décrit cinq ans à l’avance les attentats du 11 septembre 2001, s’y montre d’une prescience troublante.

Mortouvif2Avec Tom Clancy, le lecteur est immergé dans le monde de l’espionnage. Pas celui fantasmé de Ian Fleming où les aventures se déroulent aux quatre coins du monde, mais toujours dans les lieux les plus glamour, avec moultes belles femmes à conquérir et des voitures puissantes à dompter au fil de courses poursuites toujours plus impressionnantes. Avec Tom Clancy, le maître-mot est simple : réalisme. Et c’est encore celui-là qui prime dans cette aventure qui romance la traque du mystérieux commanditaire des attentats du 11 septembre 2001 sur le sol américain.

Pour tout dire, je n’avais encore jamais lu de livres de celui qui est considéré comme le maître du roman d’espionnage. J’avais cependant vu deux films tirés de ses ouvrages, “A la poursuite d’Octobre rouge” réalisé par John McTiernan en 1990, ainsi que “La somme de toutes les peurs” réalisé par Phil Alden Robinson. Le premier a marqué le cinéma, le second un peu moins, mais ils ont surtout eu le mérite de retranscrire sur grand écran un univers plutôt hermétique au grand public. Les vacances étaient donc le moment idéal pour enfin lire un de ses romans.

Après avoir avalé en moins d’une semaine les deux tomes parus en poche (respectivement 504 et 528 pages), je peux confirmer que ce roman massif se lit bien. Pourtant, le récit est loin d’être linéaire. En parallèle avec l’activité du Campus qui cherche à localiser l’Emir, on voit se tramer plusieurs complots pour de nouveaux attentats sur le sol américain. Seulement, les informations distillées au lecteur sont parcellaires et on ne connaît donc pas ces complots proprement dit, même si les éléments que l’on apprend au fil de la lecture nous laisse présager de ce qui va se passer avec une seule certitude : les morts risquent d’être nombreux.

“I’ve made up stuff that’s turned out to be real, that’s the spooky part”, Tom Clancy

Face à un dénouement qui s’annonce inéluctablement dramatique, on se retrouve donc bien vite attaché aux personnages du contre-espionnage, dont Jack Ryan Jr, fils du personnage emblématique de Tom Clancy créé dans les années 80. Surtout, on s’aperçoit que cet univers, inconnu du commun des mortels, n’a pas forcément les moyens de sa mission et que le monde politique a parfois une influence assez désastreuse par des décisions prises à courte vue.  Au fil des aventures de certains personnages, notamment celles de Sam Driscoll un ranger de l’armée américaine, on se rend compte du cynisme nécessaire pour sauver parfois des centaines de vie, à savoir qu’il ne faut pas hésiter à en supprimer. Cela fait froid dans le dos, mais c’est pourtant une réalité à laquelle font face ces hommes.

Le suspense reste haletant et va même en s’amplifiant au fur et à mesure que l’on comprend quels attentats comptent commettre les terroristes. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas laissés de côté et ne sont pas fatalement présentés comme des monstres sanguinaires, mais aussi des hommes qui peuvent douter d’eux, et de la mission divine dont ils se croient avoir été confié. Certaines de ces missions ne sont pas sans rappeler des événements arrivés en France dans un passé plus ou moins récent et permettent de s’ancrer un peu plus dans le récit.

“Life is about learning; when you stop learning, you die”, Tom Clancy

L’aspect géopolitique est également bien développé, notamment pour les événements du livre qui se déroulent au Brésil qui ne sont pas sans répercussions à la fois pour les pays du moyen-orient ainsi que pour les USA. Cela permet également au lecteur de réfléchir sur la manière dont il faut appréhender les informations au sens large, non pas comme des événements indépendant les uns des autres, mais comme un grand jeu de domino qui ne s’arrête jamais et dont la moindre pièce à l’équilibre fragile peut finalement décider du sort d’une diplomatie à l’échelle internationale.

Surtout, avec ces personnages travaillant au Campus, Tom Clancy nous donne une leçon essentielle. Ce qui compte le plus, ce qui a le plus de valeur c’est l’information. Il faut l’avoir bien sûr en quantité, mais surtout, il faut avoir les grilles de lecture nécessaires pour l’analyser et comprendre ses tenants et ses aboutissants. Si on cesse d’apprendre de nouvelles choses, on meurt, c’est terriblement vrai dans le monde de l’espionnage et donc pour chacun d’entre-nous.

En résumé, un très bon roman, non pas par ses qualités littéraires, Tom Clancy n’a d’ailleurs jamais été connu pour cela, mais pour la qualité de l’information et de l’enchaînement des différents événements. Un bon moyen de voir quelles choses peuvent se passer véritablement, de quoi laisser songeur à la prochaine lectures des pages internationales de votre journal.

Mort ou vif tome 1 et tome 2, de Tom Clancy aux éditions Le Livre de Poche (2013) Titre VO : Dead or Alive (2010) traduit par Jean Bonnefoy