Accueil Livres Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives

Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives

1
0

Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives est l’un des romans de la rentrée littéraire que j’attendais le plus. Pour cette lecture, je partais sur une attente assez haute, je dois l’avouer !

Résumé :

« Et l’enfant ?
Il dort, il dort.
Que peut-il faire d’autre ? »
Une jeune mère célibataire s’occupe de son fils de deux ans. Du matin au soir, sans crèche, sans
famille à proximité, sans budget pour une baby-sitter, ils vivent une relation fusionnelle. Pour
échapper à l’étouffement, la mère s’autorise à fuguer certaines nuits. A quelques mètres de
l’appartement d’abord, puis toujours un peu plus loin, toujours un peu plus tard, à la poursuite d’un
semblant de légèreté.
Comme la chèvre de Monsieur Seguin, elle tire sur la corde, mais pour combien de temps encore.

Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives : une mère qui tire sur la corde

Carole Fives nous offre une belle analogie entre cette mère célibataire et le conte de la chèvre de Monsieur Seguin. La mère sort de son appartement comme la chèvre sort de son enclos, éprises toutes les deux de liberté. Elle laisse son enfant derrière elle, il dort, rien ne peut lui arriver… Bien sûr, l’auteure reste sur une interprétation très littérale du récit d’Alphonse Daudet. Mais j’ai trouvé le parallèle intéressant.

Le récit de Carole Fives est poignant. Son personnage est seule, terriblement seule avec son enfant. Le père semble avoir oublié qu’il l’était. Mais c’est sur elle que toutes les fautes et responsabilités retombent, seulement sur la mère.
J’ai beaucoup aimé ces courts chapitres où elle recherche des conseils, de l’aide sur les forums internet. Elle souhaite lire des témoignages de femmes dans la même situation qu’elle. Mais les réponses sont tellement violentes. Le jugement est omniprésent, le sentiment d’isolement en est donc renforcé.

C’est un récit profondément humain que nous livre Carole Fives qui met en lumière une souffrance quotidienne qui semble tabou, interdite aujourd’hui. Cette mère décrite par l’auteure est sans nom, sans identité. Elle représente une souffrance, un sentiment universel.

Tenir jusqu’à l’aube de Carole Fives
aux éditions Gallimard (août 2018)
192 pages