Pourquoi ai-je attendu aussi longtemps pour Le Mur invisible de Marlen Haushofer ? Ce classique de la littérature écrit par une autrichienne en 1968, en pleine Guerre froide, plonge le lecteur dans une survie et une solitude profonde. Un coup de cœur inattendu.
Résumé :
Une catastrophe sans doute planétaire, mais dont l’origine chimique ou nucléaire restera indéfinie, va bouleverser l’existence d’une femme ordinaire. A la suite d’un concours de circonstances, elle se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Le chalet est confortable, équipé de provisions et des objets de première nécessité. L’héroïne, tel un moderne Robinson, va organiser sa survie en compagnie de quelques animaux familiers.
J’ai eu peur de vite abandonner ma lecture quand j’ai vu le format du roman. Plus de 300 pages d’un seul bloc sans aucun souffle de chapitre, décrivant le quotidien d’une femme seule au milieu de la nature. Mais je suis étonnée de ne pas avoir pu me détourner du récit et de m’être passionnée de ce quotidien.
Le mur invisible l’a séparant de sa nature humaine
On sait très peu de choses de cette femme, de sa vie avant le mur. Même son nom reste inconnu. Elle est seule désormais, à quoi bon ! Le jour où le mur l’a séparé du reste du monde semble être comme une nouvelle naissance pour elle. Le passé lui importe peu. Isolée en pleine forêt autrichienne, avec pour seuls compagnons un chien, un chat et une vache, elle va apprendre à vivre de ce que la nature lui offre. Elle semble même continuer à survivre pour s’occuper de ses animaux et non plus pour elle-même. Très vite, l’espoir d’être sauvée disparait. Et c’est sans nul doute grâce à ces animaux qu’elle ne sombre pas dans la folie.
Finalement, le lecteur aussi finit par perdre l’espoir qu’elle soit sauvée et qu’on connaisse les raisons qui ont mené à l’apparition du mur.
Je reste étonnée par l’écriture de Marlen Haushofer. Le rythme est relativement lent, on suit le rythme des saisons avec l’héroïne. Les moments de plantations, de récoltes, les chasses, les hivers froids et rugueux. Mais je suis malgré tout restée accrochée au récit en sachant pourtant que l’auteure ne me donnerait aucune explication à l’apparition soudaine du mur.
Il m’est difficile de mettre en mots ce que de Le Mur invisible m’a fait ressentir. C’est un récit inédit et purement original. Je ne peux que le recommander.
Le Mur invisible de Marlen Haushorfer
aux éditions Babel
Traduit par Liselotte Bodo et Jacqueline Chambon
342 pages
