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Possession, de Paul Tremblay

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Possession n’est pas le premier roman de Paul Tremblay, mais je pense que c’est le premier roman traduit en français de l’auteur. Et le premier que je lis. C’est un livre d’horreur (en surface en tout cas) et c’est un genre que je lis trop peu souvent. C’est pour cette raison que j’ai souhaité le lire grâce à Netgalley. Mais aussi par la phrase d’accroche sur la couverture de Stephen King : “Possession m’a vraiment fait trembler de peur. Et sachez que pour me faire peur, il faut se lever de bonne heure.” Venant du maître de l’horreur littéraire, ça ne peut pas laisser indifférent !

Résumé :

Malgré une mère alcoolique et un père au chômage, la famille Barrett tente de mener une vie ordinaire dans la tranquille banlieue de Beverly, Massachusetts, jusqu’au jour où leur fille de 14 ans, Marjorie, commence à manifester les symptômes d’une étrange schizophrénie. Alors que des événements de plus en plus angoissants se produisent, les Barrett décident de faire appel à un prêtre, qui ne voit qu’une seule solution : l’exorcisme. À court d’argent, la famille accepte l’offre généreuse d’une chaîne de télévision ; en contrepartie, elle suivra la guérison de Marjorie en direct. L’émission connaît un succès sans précédent. Pourtant, elle est interrompue du jour au lendemain sans explications. Que s’est-il passé dans la maison des Barrett ?

C’est donc à travers les yeux de Merry, la petite sœur de Marjorie, que l’on suit la possession de cette dernière et la tentative d’exorcisme en direct. Car c’est une possession dans notre société moderne. L’exorcisme doit donc avoir lieu devant les  caméras d’une télé réalité. Avec différents point de vue on se rend vite compte que les images télévisuelles manquent cruellement de mise en contexte. Et sont quelque peu retravaillées pour avoir l’air plus horrifiques.

Possession nous offre un exorcisme moderne

Le doute est présent tout au long du roman en ce qui concerne la condition de Marjorie. D’où lui vient ses crises ? Est-ce qu’elle ment, est-ce qu’elle en rajoute pour l’attention ? On ne sait pas où l’auteur nous mène, ce qui rend cette lecture addictive.

Bon, pour le frisson promis en couverture on repassera… Ce sont surtout les mécanismes entre les personnages et la déconstruction lente et irrémédiable de cette famille sous le prisme de la possession et de la télé-réalité qui m’a plu. On est vraiment dans la tête d’une enfant qui voit sa sœur changer et devenir quelqu’un d’autre. Mais il n’y a pas que sa sœur, sa famille entière se délite sous ses yeux.

A de rares moments dans le roman, nous lisons le point de vue d’un blogueur qui revient plusieurs années après sur les épisodes de l’émission Possession en décortiquant chaque clichés et mécanismes télévisuels. Cela permet aux lecteurs d’avoir une vue d’ensemble beaucoup plus large que le simple point de vue de Merry. Mais surtout de contourner les clichés liés au genre, de dénoncer une société de spectateurs voyeurs et haters.

Possession, de Paul Tremblay
aux éditions Sonatine (mars 2018)
Titre VO : A Head Full of Ghosts (2015)
traduit par Hubert Tézenas
336 pages