La Gueule du loup de Marion Brunet

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Résumé :

À 18 ans, le bac en poche et des projets plein la tête, Mathilde et Lou partent à Madagascar pour des vacances de rêve, dans « un paysage de carte postale ». Mais le voyage qui s’offre à elles n’aura rien de l’idylle insulaire qu’elles imaginent…
Du monde bruissant des contes de l’enfance aux clameurs froides des ténèbres adultes, les deux amies vivront une expérience terrible – de celles qui laissent des traces pour toujours.

“Son père lui a raconté une histoire, un jour : celle d’un homme – ou d’un Dieu ? – qui avait pu tenir la bobine du fil de sa vie. Cet imbécile l’avait déroulée à toute vitesse, courant de bon moment en bon moment, évitant les coups dûrs,, les souffrances, accélérant le mouvement de sa propre existence. Evidemment, en un temps record, il avait épuisé son quota et se retrouvait comme un con aux portes de la mort. L’idée générale, c’était quoi déjà ? Qu’on n’a pas beaucoup de bons moments dans une vie ? Qu’il faut vivre le mauvais pour pouvoir profiter du bon ? Un truc dans ce genre, un message subtil, typique parents. Si Lou chérit cette histoire, c’est parce qu’au fond, elle aurait rêvé d’avoir la même chance que cet homme – mais pour bloquer la bobine… Quitte à végéter dans le rien quelques temps. Juste cesser de sentir la course folle du temps lui grignoter la vie.”

C’est un roman qui ne me faisait pas plus envie que ça à sa sortie mais je restais intriguée par le titre. Après l’avoir acheté pour la bibliothèque où je travaille, je me suis lancé. La lecture du résumé avait rendu ma curiosité plus vive.
Le chapitres sont très courts on avance vite dans l’histoire. J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur. Il est très fluide, simple, et en même temps haletant. C’est rempli d’action et de moments de latence.
Lou et Mathilde viennent tout juste d’avoir leur bac. Avant de devoir aller à la fac, elles décident de partir… Loin… A Madagascar. Enfin c’est surtout Mathilde qui le décide et Lou la suit. Et tout ne se passera pas comme prévu. Tout le roman se passe là-bas, elles y sont déjà aux premières lignes du roman. Loin de chez elles, loin de tous leurs repères. C’est ce qui accentue l’angoisse et cette impression qu’elles sont seules au monde. Les caractères des deux personnages sont bien définis. Mathilde est casse-cou et entraîne toujours Lou, réservé et casanière, dans ses plans. On a peur pour elles tout au long du roman, j’avais envie de regarder tout de suite les dernière pages pour savoir ce qui allait arriver.
Pendant les sept derniers chapitres de la première partie du roman, on a en exergue les pensées d’une femme en danger, cloîtrée et torturée par un homme. On ne sait pas au début si c’est une vision du futur de l’une des deux filles ou une tiers personne qui vit cela au moment même. Ces passages nous poussent à vouloir continuer pour découvrir qui est cette personne et comment elle va s’en sortir. Ces passages reviennent dans les derniers chapitres du roman.
Quelque chose plane au dessus de leur tête, on attend que le danger tombe. Et on le découvre au bout d’une soixantaine de pages.
On les sent vraiment seules quand elles sont en fuite, la nature devient hostile, il est impossible de demander de l’aide et d’appeler au secours. Il y a un moment de répit où on ne ressent plus cette impression. Tout paraît revenu à la normale :

“Elle bouffe des yeux chaque habitants du village qui les salue, sourit de toutes ses dents aux gosses qui les poursuivent en criant. Elle est profondément soulagée de voir que le monde existe toujours, qu’il n’a pas disparu pour elle entre forêt et rivière, entre traque et noyade.”

Mais un détail dérange, on sait que rien n’est fini mais on ne sait pas quand les problèmes vont resurgir.
Ce voyage va changer les deux amies, et les faire grandir plus vite que prévu. Elle vont découvrir jusqu’où la cruauté humaine peut aller.
C’est un bon thriller, le suspense n’est pas énorme mais on est pris par le récit et on s’attache aux deux héroïnes.

La Gueule du loup, de Marion Brunet (2014)
Aux éditions Sarbacane, collection EXPRIM’
229 pages

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