Je suis un dragon, de Martin Page

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Résumé :

Margot est une jeune orpheline timide et solitaire. Un jour, elle découvre sa véritable nature : elle est douée de capacités extraordinaires. Ces pouvoirs la terrifient, elle les dissimule jusqu’à ce qu’un événement tragique la contraigne à se dévoiler. On lui demande alors de mettre ses dons au service de l’humanité. Sa vie se partage désormais entre son quotidien de jeune fille espiègle et des missions d’une grande violence. Adulée et crainte, elle devient une icône. Mais peut-on sauver le monde si l’on s’y sent étranger ? En s’inspirant de l’univers des superhéros, Martin Page se réapproprie les codes habituels du genre.

Dans les remerciements de l’auteur :

“Je dédie ce livre à tous celles et à tous ceux qui n’arrivent pas à vivre (“J’aime ceux qui ne savent pas comment vivre” Nietzsche), à tous ceux qui ont du mal à payer leurs factures, à tous ceux qui ont froid en hiver, à tous ceux qui ont été blessés, violés, battus, humiliés, méprisés, moqués. A tous ceux qui ont perdus un être cher trop tôt. A tous ceux qui perdent et à tous ceux qui chutent. Je dédie ce livre à tous les superhéros qui ne portent pas de capes, mais qui changent le monde par des actes minuscules, qui sauvent discrètement, sans bruit et sanbs récompense, et surtout qui se sauvent. Je ne dédie pas ce livre à ceux qui s’en sortent trop bien.”

Oublions un peu tout ces films de superhéros avant de nous plonger dans ce roman. Que nous montre-t-il ? La vérité sur notre société et comment un être hors normes serait réellement considéré par les hommes et le pouvoir… Un jouet !
Ce roman n’a rien de comparable pour moi.

Margot a perdu ses parents à l’âge de six ans, assassinés tous les deux sous ses yeux dans un restaurant. Elle est traînée de familles d’accueil en foyers, et tente de cacher le mieux possible ses capacités hors du commun. Mais à 12 ans, une ultime provocation la force à utiliser sa force surhumaine en public et à faire mal, très mal. Elle sera prise en charge par les services secrets français et américains. Elle ne sera plus libre et deviendra Dragongirl.

Le récit passe par plusieurs points de vue différents, ce qui permet de mieux appréhender l’entourage de Margot. Deux personnages importants entourent Dragongirl : Xanadu qui représente la CIA, et Bamberski représentant des services secrets français. Ils sont de plus en plus proche de Margot et deviennent des parents de substitution pour elle dans cet univers confiné et restreint.

Margot est un personnage très attachant qui tente à tout prix d’être le plus humaine possible. Elle sera utilisée pour “sauver le monde” mais se rendra vite compte qu’elle n’est utilisée que pour des intérêts égoïstes et voudra échapper à toutes ces considérations politiques et ces enjeux de pouvoirs. Elle souhaite vivre une adolescence normale et vivre les mêmes émotions et sentiments qui tout être humain ressent à cet âge. Elle réussira finalement à devenir une héroïne ordinaire et invisible comme il en existe beaucoup :

“On ne peut sauver le monde qu’en silence”

L’humanité est très dur avec elle, c’est une belle critique du peu de tolérance présent dans nos sociétés. Quand Margot décide de sauver le monde, elle est adulée et placée au rang de divinité, mais quand elle décide de se sauver elle-même, elle est rejetée par tous :

“Le monde ne pardonne pas le bien qu’on lui fait”

Ce roman est d’une grande violence, celle que l’on fait subir à Margot sous couvert de son invisibilité, et celle des “réponses” de Margot à ces êtres humains sans pitié. Elle se révèle être celle qui porte le plus d’humanité en elle.

Le style de Martin Page est très rapide et concis, proche du scénario. Mais qui nous laisse pourtant entrevoir toutes les émotions ressenties par Margot. L’auteur ne nous donne pas toutes les réponses. Et on comprend, tout comme Margot, que ce n’est pas ce qui importe le plus au final. Ce sera le chemin parcouru par elle pour grandir à la recherche de “normalité” et les épreuves qu’elle endurera.

Ce roman atypique est une belle ode pour l’acceptation de la différence et surtout pour ne pas toujours attendre l’aide des autres, qu’il est parfois important de se sauver soi-même. Un roman qui nous marque.

“Une fois qu’on ne craignait plus leur violence, les hommes apparaissaient tels qu’ils étaient réellement : pathétiques.”

 Je suis un dragon, de Martin Page (Pit Agarmen) aux éditions Robert Laffont (2015) – 283 pages

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