Citation du dimanche : La Grammaire est une chanson douce

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Une phrase, c’est comme un arbre de Noël. Tu commences par le sapin nu et puis tu l’ornes, tu le décores à ta guise… Jusqu’à ce qu’il s’effondre. Attention à ta phrase : si tu la charges trop de guirlandes et de boules, je veux dire d’adjectifs, d’adverbes et de relatives, elle peut s’écrouler aussi.

Il est difficile de choisir une citation dans ce récit, La Grammaire est une chanson douce d’Erik Orsenna tellement il est rempli de phrases à garder en souvenir. J’ai donc choisi une phrase qui résume très bien l’ensemble du récit.

grammaire est une chanson douceRésumé :

Jeanne, la narratrice, pourrait être la petite sœur d’Alice, précipitée dans un monde où les repères familiers sont bouleversés. Avec son frère aîné, Thomas, elle voyage beaucoup. Un jour leur bateau fait naufrage et, seuls rescapés, ils échouent miraculeusement sur une île inconnue. Mais la tempête les avait tant secoués qu’elle les avait vidés de leurs mots, privés de parole. Accueillis par Monsieur Henri, un musicien poète et charmeur, ils découvriront un territoire magique où les mots mènent leur vie : ils se déguisent, se maquillent, se marient.

Ce roman aura finalement été le meilleur cours de grammaire que j’ai jamais eu !

C’est une ode à la langue et à la littérature française que nous offre Erik Orsenna. Grâce à ce premier volume d’une série de roman consacrée aux aventures de Jeanne et Thomas dans le monde des mots. Une initiation poétique à la grammaire pour ces deux personnages. Malgré un sujet nous rappelant parfois de mauvais souvenirs, le récit parvient à nous capter par son lyrisme.

Je me suis laissé pourtant prendre au jeu des personnifications des différentes catégories de mots et de verbes. Telle que la phrase que l’on trouve en quatrième de couverture :

Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t’aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu’elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu’elle nous parlait :
– Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j’ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
– Allons, allons, Je t’aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pieds.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.

Les mots deviennent ainsi des personnes, les adjectifs des parasites, les auxiliaires des aides précieuses. Une façon donc très originale d’utiliser la langue française, de nous donner une leçon de grammaire.

C’est donc un plaisir de lecture que je souhaite renouveler avec la lecture du deuxième volume : Les Chevaliers du subjonctif.