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Avec le tome 1 de Bug, Enki Bilal fait un sans-faute

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La parution chez Casterman d’un nouvel album d’Enki Bilal, c’est un événement. J’ai donc lu le tome 1 de Bug il y a quelques semaines et une fois encore, à 66 ans, Bilal démontre qu’il sait encore frapper juste avec ses histoires.

Comme son titre l’indique, le tome 1 de Bug commence avec un crash informatique généralisé à l’échelle mondiale. Les ordinateurs et tous les systèmes de communication fonctionnent toujours, mais toutes les bases de données sont désormais vides. Et en 2041, ces database font partie intégrante de la vie. A tel point que leur disparition, c’est comme de revenir à l’âge de pierre.

A l’ONU c’est la panique. On cherche évidemment un coupable? La mafia africaine ? Les hégémoniques chinois ? Qu’importe, un rapport est en cours d’élaboration, mais cela va être long.

Il va falloir revenir au papier, à l’encre et à la notion de mémoire… pas vive, mais vivante… celle de nos cerveaux, constate un des membre de l’ONU.

Parce que vous croyez qu’on saura encore s’en servir, de nos cerveaux ?, lui rétorque un autre.

En bref, à force de s’appuyer sur l’informatique et ses capacités, l’homme a perdu une partie de ce qui faisait de lui un être intelligent. Les réseaux téléphoniques ont beau être encore en fonction, les gens ne peuvent pas s’appeler. Ils ne connaissent pas leurs numéros et cela fait longtemps qu’ils ne les notent plus sur papier.

Le tome 1 de Bug montre la dérive de l’humanité

Le ridicule de la vie moderne prend ici tout son sens ! Une autre scène forte montrée par Enki Bilal est celle d’un lieu où les gens se réunissent sans même réussir à se parler.

Ils n’arrivent pas à se regarder dans les yeux. La plupart depuis l’âge de trois ans, ne côtoient que leurs écrans… certains exposent leurs smartphones au moindre rayon de soleil, espérant un miracle… ils sont totalement perdus… dévitalisés…

Autre détail amusant, ces journaux papiers amateurs, édités par des citoyens pour continuer à transmettre des informations tant bien que mal. Les fautes d’orthographe sont évidemment nombreuses sans correcteur informatique.

Mais évidemment le fond de l’histoire c’est que l’humanité est perdue après la disparition du savoir qui était stocké dans les bases de données numériques. Aussi, quand le monde s’aperçoit que l’ensemble des datas semblent s’être retrouvés dans le cerveau d’un seul homme, qui se trouve être en orbite au-dessus de la Terre celui-ci devient le plus grand trésor.

Tout le monde veut avoir Kameron Obb dans son camp. Lui cependant ne rêve que d’un chose retrouver sa fille. Mais à défaut de l’avoir lui, avoir sa fille Gemma entre ses mains est un bon début. C’est évidemment là le début d’une aventure où un homme veut simplement revoir sa fille tandis que l’humanité réapprend à vivre comme elle l’a fait depuis toujours.

NOS NOTES ...
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Personnages
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avec-le-tome-1-de-bug-enki-bilal-fait-un-sans-fauteOn a souvent tendance à penser qu'avec l'âge, la vision des artistes s'émousse. Ce n'est pas le cas pour Enki Bilal. L'histoire d'anticipation de Bug est à la fois réaliste et inquiétante. Elle est d'ailleurs d'autant plus inquiétante qu'elle est réaliste. Si le progrès est utile, il est dangereux quand il devient une béquille pour l'humanité, quand il devient le vrai réceptacle de l'intelligence. Avec ce tome 1 de Bug, Enki Bilal réussit un coup de maître ! Vivement la suite !