Citation du Dimanche : Le Silence des Agneaux

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    Sorti en 1991, Le Silence des Agneaux est un des films qui a le plus marqué son époque. Il a (re)mis au goût du jour les films sur les tueurs en série qui n’ont guère arrêter de s’enchaîner depuis. Rare cependant sont ceux qui ont atteint le même niveau que celui-ci.

    L’intérêt du film sur un tueur en série, c’est que ce genre de criminel apparaît, de l’extérieur, comme une personne normale. Mais chez elle, à l’abri du regard des autres, ces personnes laissent libre cours à toutes leurs dépravations et leurs désirs malsains.

    Le Silence des Agneaux, une introspection pour le spectateur

    Evidemment, la différence entre n’importe qui et un tueur en série ce n’est pas avoir ce désir malsain, mais c’est de le contrôler. Un film sur un tueur en série c’est, s’il est réussi, une introspection pour le spectateur. Et aucun film n’y parvient aussi bien que Le Silence des Agneaux grâce au personnage du Dr Hannibal Lecter.

    You know what you look like to me, with your good bag and your cheap shoes? You look like a rube. A well scrubbed, hustling rube with a little taste. Good nutrition’s given you some length of bone, but you’re not more than one generation from poor white trash, are you, Agent Starling? And that accent you’ve tried so desperately to shed: pure West Virginia. What is your father, dear? Is he a coal miner? Does he stink of the lamp? You know how quickly the boys found you… all those tedious sticky fumblings in the back seats of cars… while you could only dream of getting out… getting anywhere… getting all the way to the FBI.

    La réplique ci-dessus est prononcée par Lecter lors de sa première rencontre avec l’agent Clarice Starling jouée par Jodie Foster. Avec perspicacité et en quelques minutes seulement, il a découvert les failles de la jeune femme. C’est évidemment ce qui va conditionner leur relation à partir de cet instant, même si l’agent Starling ne se laisse pas faire et lui répond du tac au tac.

    You see a lot, Doctor. But are you strong enough to point that high-powered perception at yourself? What about it? Why don’t you – why don’t you look at yourself and write down what you see? Or maybe you’re afraid to.

    Un film meilleur que le livre original

    La jeune agent du FBI a du répondant et elle touche du doigt une vérité immuable. Il est plus facile de voir ce que sont réellement les autres que d’avoir une vision claire de soi-même. En bref, il est dur de regarder la réalité en face, surtout quand il s’agit de soi !

    Si Lecter joué par Anthony Hopkins est celui qui fait office de médiateur pour Starling, pour le spectateur c’est le film qui fait cet office. Il y a une part de nous dans chacun des personnages du film.

    Comme l’agent Starling tout le monde veut réussir sa vie et voir ses ambitions aboutir. Mais doit-on le faire à n’importe quel prix ? Comme le Dr Lecter, nous souhaitons profiter de la liberté, mais devons-nous pour cela manipuler les personnes autour de nous ? Enfin, comme Buffalo Bill, tout le monde a eu une fois l’envie d’être quelqu’un d’autre… mais faut-il pour autant se laisser aller aux pires extrémités ?

    Le Silence des Agneaux ne peut pas laisser indifférent pour toutes ces raisons. Le film, réalisé par Jonathan Demme est en plus parfaitement réalisé et construit. Il faut d’ailleurs noter que c’est l’un des rares films à être largement supérieur au livre original. Tout le crédit en revient au réalisateur et aux deux acteurs principaux qui ont transcendé l’œuvre original.

    Presque 30 ans après sa sortie, Le Silence des Agneaux n’a rien perdu de sa force et reste un régal à regarder avec un peu de chianti…