Respire, d’Anne-Sophie Brasme

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Respire

 

Résumé :

Ce roman est l’histoire d’une fulgurante amitié qui tourne au drame. Charlène, jeune adolescente de 13 ans un peu effacée, entre en classe de cinquième. Dès le premier jour de la rentrée, Sarah, nouvelle dans l’établissement, fait sensation auprès de tous les élèves, séduits par cette fille à la personnalité magnétique. Charlène la regarde avec admiration et haine mélangées. Finalement les deux jeunes filles se lient d’amitié. Une amitié merveilleuse, complice, invulnérable, du moins du point de vue de Charlène pour qui Sarah est la lumière de ses journées. Mais les choses s’enveniment brusquement : après les vacances d’été, Sarah, devenue jeune fille, a ffiche une soudaine indifférence pour Charlène. Son corps a mûri, désormais elle se maquille… Désespérée, Charlène tente de reconquérir Sarah. Commence alors une relation perverse entre les deux adolescentes : Sarah va exercer un pouvoir quasi sadique sur sa “meilleure amie”, Charlène, qui accepte de tout subir : humiliations publiques, reproches incessants, dédain et mépris. Jusqu’au jour où la jeune timorée décide de mettre fin à cette situation étouffante et de passer à l’acte… Et c’est de la prison où elle est incarcérée que Charlène nous raconte cette histoire.

“J’aurais sûrement dû me sentir inhumaine. Je l’étais indéniablement, mais moins pour avoir commis un crime que pour ne pas regretter mon acte.”

Respire fait partie de ces romans dont on ne sort pas indemne, qui nous hantent pendant plusieurs jours, dont on se souviendra longtemps.

L’écriture d’Anne-Sophie Brasme est juste et puissante. On ressent toute la passion, la destruction, la folie de Charlène. Ses émotions nous prennent à la gorge. Les situations qu’elle vit à cause de Sarah sont souvent dérangeantes et beaucoup de passages de ce roman nous mettent mal à l’aise.

Charlène est une enfant seule, sans véritables amis. Elle cherche à être reconnue par les autres, comme tous les enfants de son âge :

“Car pire que le mépris, il y a l’indifférence. La sensation de ne plus exister.”

Puis elle rencontre Sarah, ou plutôt Sarah “s’impose” à Charlène après que cette dernière ait tenter de se tuer, après avoir montré sa faiblesse :

Elle s’est imposée dans ma vie jusqu’à en aspirer tous les repères, le passé, tout mon honneur, ma liberté. Lentement elle a pris le dessus. Tout ce qui n’était pas elle n’avait pas de consistance.”

Sarah devient tout pour elle. Sa passion est de plus en plus incontrôlable, et Sarah joue avec cet attachement extrême.

On suit le roman par le point de vue de Charlène. L’emprise de Sarah sur elle est dérangeant. Tout ne tourne qu’autour de Sarah. Il n’y a rien d’autre qui compte, les autres personnages comme les parents ou les adolescents sont en arrière-plan, dans le flou.

C’est un roman très dense. Il est court, moins de 200 pages, mais il s’écoule sur plusieurs années où beaucoup de choses se passent. Et il chargé d’émotions et de perversité.

J’ai beaucoup de mal à définir ce que ce roman m’a fait ressentir. Je l’ai aimé, c’est sûr, l’écriture est très forte et on ressent toute cette descente aux enfers des deux personnages :

On n’échappe pas à sa propre folie en s’efforçant d’agir comme les gens normaux.”

J’ai vu le film de Mélanie Laurent après avoir lu le roman. Ce n’est pas une réelle adaptation, elle s’est plutôt inspirée du roman. le contexte et la chronologie ne sont pas les mêmes. J’ai beaucoup aimé le film également, la rapidité des événements, le magnifique jeu des deux jeunes actrices, cette dernière images aussi horrible et pétrifiante que la dernière phrase du roman.

Un roman marquant, un coup de coeur !

 

Respire d’Anne-Sophie Brasme, aux éditions Le Livre de Poche (2001) – 190 pages

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