Mercy, Mary, Patty de Lola Lafon

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De nouveau un roman de la rentrée littéraire que j’ai voulu découvrir : Mercy, Mary, Patty de Lola Lafon. Il m’a fallu du temps pour écrire cette chronique. Je ne savais pas, en refermant le livre, si j’avais aimé lire le roman de Lola Lafon ou non.

Résumé :

En février 1974, Patricia Hearst, petite-fille du célèbre magnat de la presse William Randolph Hearst, est enlevée contre rançon par un groupuscule révolutionnaire dont elle ne tarde pas à épouser la cause, à la stupéfaction générale de l’establishment qui s’empresse de conclure au lavage de cerveau.
Professeure invitée pour un an dans une petite ville des Landes, l’Américaine Gene Neveva se voit chargée de rédiger un rapport pour l’avocat de Patricia Hearst, dont le procès doit bientôt s’ouvrir à San Francisco. Un volumineux dossier sur l’affaire a été confié à Gene. Pour le dépouiller, elle s’assure la collaboration d’une étudiante, la timide Violaine, qui a exactement le même âge que l’accusée et pressent que Patricia n’est pas vraiment la victime manipulée que décrivent ses avocats.

Une narration déroutante

Tout d’abord parlons de la narration choisie par l’auteure. Je l’ai trouvé très dérangeante dans mes premières pages de lecture. Le lecteur ne connait pas la narratrice de l’histoire avant le dernier quart du récit. Une narratrice qui s’adresse à la professeure Gene Neveva par le “vous”. Un “vous” omniprésent ainsi que les pronoms “elle” et “je”. Je m’y suis habitué pour mieux comprendre ma lecture mais ne l’ai jamais vraiment apprécié.
Cela nous met en tant que lecteur dans la peau de Gene Neveva avec ce “vous” au ton parfois accusateur. Et je n’ai pas du tout aimé me sentir dans cette position.
C’est un choix de narration audacieux de la part de l’auteure car il risque à tout moment de perdre le lecteur. Mais je ne l’ai pas trouver pertinent en rapport avec le récit.

Patty sans Mercy ni Mary

En dehors de cet aspect formel très déroutant, le récit de Lola Lafon est extrêmement bien documenté. L’histoire de Patricia Hearst est détaillée de son enlèvement jusqu’à son procès même s’il reste malgré tout une part d’ombre instillée par l’auteure. Ce mystère divise quelque peu la professeure américaine et l’étudiante française.

Mais l’histoire de Patricia Hearst n’est qu’un point de réflexion pour les trois personnages féminins du roman : je, elle et vous. Elle convergent toutes les trois autour de cette histoire, Patty est le lien qui les unit. C’est le récit que Gene fait de l’histoire de Patty qui va profondément changer Violaine. Et la vision qu’elle pouvait avoir du monde, de la politique, de la religion, etc. Comme Patty a changé suite à son enlèvement, le parallèle est facile.
Puis c’est Violaine qui par la suite transmettra ce même récit à la narratrice sans nom. Et la boucle finira par être bouclée.

Patricia Hearst est un point central du roman alors que Mercy et Mary ne représentent que quelques phrases disséminées dans le récit. J’étais déçue par cette omniprésence de Patty dans toutes les interventions de Gene.

C’est donc clairement une lecture en demi teinte. Je me suis sentie en profond désaccord avec Gene et la narratrice tout au long de ma lecture. Lola Lafon met en lumière plusieurs aspects intéressants de la société et de la manipulation mais je n’ai pas aimé ce qu’elle en conclue. Les parallèles qu’elles donnent parfois avec notre société actuelle m’ont paru faciles et peu argumentés.

Mercy, Mary, Patty de Lola Lafon
aux éditions Actes Sud (août 2017)
genre : contemporain
240 pages