Citation du Dimanche : Metro 2034

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Après avoir lu il y a quelques mois Metro 2033 de Dmitry Glukhovsky, je viens de finir la suite de cette histoire apocalyptique, Metro 2034. Si cette suite est peut-être un peu moins percutante que Metro 2033, l’effet de surprise étant passé, elle est quand même la source de réflexions intéressantes.

L’être humain est ainsi fait que le contenu des manuels scolaires ne survit dans sa mémoire que jusqu’aux examens de fin d’année. Et en oubliant ce qu’il a appris par cœur, il éprouve un véritable soulagement.

La mémoire des hommes est pareille au sable dans le désert. Les nombres, les dates, les noms des hommes d’État de second plan y restent aussi longtemps que des lettres dessinées au bâton sur une dune. Ils s’envolent sans laisser de trace.

Ce n’est pas à proprement parlé une citation, mais une pensée. C’est Homère, l’un des nouveaux personnages introduits dans Metro 2034 par l’auteur qui nous confie celle-ci. Dans cette suite de Metro 2033, Homère joue le rôle de la conscience de l’humanité voire même de la civilisation.

Pour exister en tant que civilisation, l’humanité doit se perpétuer bien sûr. Mais elle doit aussi conserver la mémoire de son passé. Lorsqu’on n’a pas d’histoire, quand on ne connaît que le lieu où l’on vit et ce qui est nécessaire à sa survie, est-on réellement un homme avec un grand H ?

Metro 2034, la civilisation est menacée

Autant dans le livre précédent Dmitry Glukhovsky jouait sur la menace de la disparition des hommes, ici la menace ce n’est pas qu’ils meurent, mais qu’ils perdent ce qui fait d’eux des êtres civilisés.

Cette menace est incarnée par le brigadier, que l’on a croisé dans Metro 2033 sous le nom de Hunter. Après avoir concouru à faire disparaître les noirs, Hunter ne sait plus ce qu’il est. Est-il un homme dont la mission est de sauver les autres habitants du métro ? Ou est-il un barbare pour qui tout est une excuse lui permettant de massacrer ceux qu’il considère comme une menace ?

l’âme n’est jamais noire à la naissance.

Elle est transparente. Puis elle s’assombrit petit à petit à chaque fois que tu t’absous d’une mauvaise action, quand tu lui trouves une justification quand tu te dis que ce n’est qu’un jeu.

Mais à quel moment la noirceur l’emporte-t-elle sur la pureté ? Peu de gens parviennent à sentir ce moment précis et pour cause: on ne se voit pas de l’intérieur.

Au fil des 400 et quelques pages du livre, cette question devient de plus en plus prégnante jusqu’au climax final. Quand une station fait face à une maladie inconnue, doit-on massacrer les survivants pour sauver l’humanité ou garder l’espoir d’une guérison qui serait miraculeuse ?

Dans Metro 2034, l’auteur approfondit la description de ce monde apocalyptique

Les différents personnages de Metro 2034 sont d’une manière ou d’une autre habité par cela. Il y a la jeune Hunter bien sûr, mais aussi Leonid, un jeune homme passionné de musique mais qui a la fâcheuse tendance de manipuler ceux qu’il rencontre.

L’espoir vient finalement de Sasha. La jeune fille a vécu presque toute sa vie coupée des autres stations, seule avec son père. Lorsque celui-ci disparaît elle n’a d’autre choix que de rejoindre les autres hommes. Son innocence fait d’elle un personnage plein d’espoir. Une denrée rare dans le métro moscovite.

Dmitry Glukhovsky ajoute aussi à ce Metro 2034 d’autres détails qui permettent d’en connaître plus sur ce monde souterrain. On en découvre beaucoup plus sur les rouges et leur régime totalitaire. Là encore, le déni de l’individualisme s’apparente à une disparition de la civilisation.

On recroise également Artyom, l’un des personnages vu dans Metro 2033. Celui-ci n’a ici qu’un rôle mineur. Mais il permet d’assurer, avec Hunter, une continuité entre les deux ouvrages. Metro 2034 se termine évidemment sans happy end. Mais ce n’est pas non plus une fin pessimiste. Elle ressemble juste à la vie et s’inscrit dans la continuité des 400 pages qui l’ont précédé.

L’étincelle d’humanité avait été retirée à l’homme, qui n’avait pas régressé au stade animal mais était devenu quelque chose de bien pire ; une chose pour laquelle il n’existait pas de nom.