Amour monstre, de Katherine Dunn

Amour monstre est une nouveauté Gallmeister de la rentrée littéraire 2016. Une nouveauté… Pas tout à fait. Le roman Geek Love est publié aux Etats-Unis en 1989, a été finaliste pour le National Book Award et est un roman culte outre-atlantique. Il a déjà été édité en France sous le titre Un amour de monstre, traduit par Simone Hilling en 1994. Gallmeister le republie cette année peu après le décès de l’auteure, avec une traduction de Jacques Mailhos.

Résumé :

La joyeuse famille Binewski est tout sauf banale. Ivres d’amour et nourrissant de grands projets pour leur spectacle itinérant, Al et Lil décident d’engendrer à coup d’amphétamines et de radiations la plus belle brochette de phénomènes de foire au monde. Alors, bienvenue chez les monstres : il y a Arturo l’Aquaboy, doté de nageoires et d’une ambition digne de Genghis Khan; Iphy et Elly, sœurs siamoises et musiciennes talentueuses; Oly, naine bossue et albinos. Seul détonne l’étonnamment normal Chick… jusqu’à ce qu’il révèle des qualités bien particulières. Pour autant, cette famille est habitée de passions bien humaines, et une terrible rivalité entre frères et sœurs ne tarde pas à menacer le bonheur des Binewski.

Comment ne pas penser au célèbre film de Tod Browning, Freaks de 1932 à la lecture de ce résumé. J’ai eu les images du film pendant toute ma lecture même si le sujet diffère un peu.

Amour monstre est à la fois dérangeant et fascinant

Nous sommes plongés en plein cœur d’une foire aux monstres, le cirque de la famille Binewski. Le couple Al et Lil dirige ce cirque, les “monstres” engagés n’étant présents que pour une durée éphémère, ils décident de créer leurs propres monstres pour assurer la pérennité de leur entreprise. C’est donc une histoire de famille… Ils élèveront cinq enfants à l’aspect plus ou moins extraordinaire : Un enfant-poisson, des siamoises, une naine albinos, etc.

C’est donc un roman extrêmement dérangeant dans le sens où on n’aime pas se sentir “normal” quand on lit ce roman.  C’est Oly, la quatrième enfant qui nous raconte l’histoire de sa famille à travers deux époques différentes. A travers Oly, c’est le point de vue d’une enfant un peu laissée pour compte par sa famille que nous suivons. Elle n’a pas de particularité assez extraordinaire pour pouvoir en faire un show dans la foire familiale. Elle est donc la bonne à tout faire de toute la famille.
Mais on comprend que quelque chose est arrivé aux membres de cette famille si particulière pour qu’Oly se retrouve seule. Finalement tout le récit nous mène vers cette apothéose.

J’ai ressenti beaucoup de pitié pour Oly par rapport à tout ce que sa famille lui fait subir, en particulier le frère aîné Arturo. Après la lecture du roman, je ne peux pas dire que je suis particulièrement touchée par les autres membres de la foire. L’auteure nous faisant passer par tellement d’émotions différentes à travers son récit les concernant. Ils nous fascinent et nous révulsent en même temps.

Un récit unique donc. Très éprouvant, je suis resté plusieurs jours sur cette lecture, j’avais besoin de temps.

Pour connaître d’autres avis :

Amour monstre, de Katherine Dunn
aux éditions Gallmeister (18 août 2016)
titre VO : Geek love (1989) traduit par Jacques Mailhos
genre : contemporain
468 pages