Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie

0

J’ai lu ce roman dans le cadre du Club de lecture Faites le tour du monde ! de juin créé par Cassandra du blog Croque les mots dédié à la littérature étrangère. Je ne pense pas que j’aurais été attirée par Americanah sans le club de lecture. Cela m’a permis de découvrir un roman qui m’a beaucoup plu malgré les longueurs.

faitesletourdumonde2

americanah

Résumé :

«En descendant de l’avion à Lagos, j’ai eu l’impression d’avoir cessé d’être noire.»
Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Jeune et inexpérimentée, elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l’Amérique qui compte bien la rejoindre.
Mais comment rester soi lorsqu’on change de continent, lorsque soudainement la couleur de votre peau prend un sens et une importance que vous ne lui aviez jamais donnés?
Pendant quinze ans, Ifemelu tentera de trouver sa place aux États-Unis, un pays profondément marqué par le racisme et la discrimination. De défaites en réussites, elle trace son chemin, pour finir par revenir sur ses pas, jusque chez elle, au Nigeria.

Ce roman commence dans un salon de coiffure… La question capillaire est très présente tout au long de ce roman. On y restera longtemps dans ce salon ! C’est dans ce lieu qu’Ifemelu se remémore ses années de jeunesse au Nigéria, son départ et sa vie aux Etats-Unis avant de prendre la décision de retourner dans son pays. De nombreux ponts entre le passé et le présent qui perturbent un peu au début, il me fallait parfois plusieurs phrases avant de me rendre compte que l’on était de retour dans le présent, mais qui donne un rythme particulier au roman loin d’être désagréable.

Il y a bien sûr quelques passages de la vie d’Ifemelu aux Etats-Unis qui m’ont moins plu et que j’ai été plus lente à lire, qui me donnait une sensation d’oppression comme l’héroïne mais je voulais toujours aller plus loin pour savoir pourquoi elle prend finalement la décision de rentrer.

Americanah : une réflexion sur l’intégration et les préjugés surprenante

C’est un roman parsemer des réflexions d’Ifemelu sur l’intégration, sur les préjugés, sur les différences entre immigrés africains et afro-américains… Un roman qui nous pousse à réfléchir nous-même sur ces questions, à nous interroger. C’est pour ça que l’esprit très critique d’Ifemelu ne m’a pas du tout dérangé. Cette dernière est critique envers tout le monde, y-compris elle-même, surtout elle-même !

Elle veut s’intégrer dans ce nouveau pays mais pas au détriment de ses origines et de ce qui la définie. Elle refuse de renoncer à son accent et surtout à sa coiffure naturelle sans aucun lissage.Ce personnage et, par extension, l’auteure n’a pas sa langue dans sa poche, c’est ce qui apporte un réel vent de fraîcheur au roman, personne n’est épargné. Grâce à la plume de l’auteure, à ses réflexions et ses prises de positions, on va au-delà de la pensée purement européenne, je me suis rendue compte de beaucoup de réalités sur les clivages aux Etats-Unis par ce roman.

Et de nombreux sujets sont abordés, tout ce qui concerne la vie quotidienne d’une immigrée, d’une femme, d’une étudiante. Les nombreuses réflexions d’Ifemelu vont se faire à travers un blog qu’elle commence après son arrivée aux Etats-Unis et qui connaîtra un fort succès. Quelques articles sont présents dans le roman.

Un contrepoint intéressant

En plus d’Ifemelu, on suit également le destin de son premier amour, Obinze même s’il est clairement moins présent. Son présent et son passé également. Cela permet d’avoir un autre point de vue, peut-être plus sage, plus nuancé, moins chanceux. Il aura un parcours très bref en Angleterre et vivra comme Ifemelu un retour au pays mais beaucoup moins glorieux.

Finalement un beau roman très dense qui demande un certain temps de lecture. J’ai appris beaucoup sur une culture que je connaissais peu et c’est avant tout pour ressentir ça que je lis des romans.

Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie
aux éditions Gallimard (chez folio en mars 2016)
traduit de l’anglais (Nigéria) par Anne Damour
(roman contemporain)
685 pages