Le Sculpteur, de Scott McCloud

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le sculpteur

Résumé :

David Smith consacre sa vie à l’art – jusqu’à l’extrême. Grâce à un pacte avec le diable, le jeune artiste voit son rêve d’enfance réalisé : pouvoir sculpter tout ce qu’il souhaite, à mains nues. Mais ce pouvoir hors norme ne vient pas sans prix… il ne lui reste que 200 jours à vivre, pendant lesquels décider quoi créer d’inoubliable est loin d’être simple. D’autant que rencontrer l’amour de sa vie le 11ème jour ne vient rien faciliter.

Cette bande dessinée de près de 500 pages en noir, blanc et bleu a été prenante, touchante et émouvante. Pendant tout le long de cette histoire, je ne savais pas si j’étais dans le réel, le rêve, le cauchemar. Qu’est-ce qui est vrai ou faux ?

Les premières pages nous montrent un homme, David Smith, un sculpteur, le jour de son anniversaire dans une brasserie, seul. Un homme passe et le reconnaît, c’est son oncle. Une conversation absurde commence jusqu’au moment où David se souvient que son oncle est mort. L’homme en face de lui est l’incarnation de la mort et lui propose un marché : lui donner un don qui lui permettra d’être reconnu en tant que sculpteur en échange de sa vie, il n’aura que 200 jours pour utiliser ce don. C’est un véritable compte à rebours qui nous fait tourner les pages de plus en plus vite. On est saisi jusqu’à la dernière page, la dernière image, la dernière parole…

Dès le début j’ai été plongée dans l’esprit torturé de cet artiste en manque de reconnaissance, en manque d’argent, en manque d’amis… En manque de tout !

Cette BD contient tellement de thèmes et de questionnements différents en seulement 500 pages, en seulement 200 jours. David Smith vit sa vie en accéléré, il veut essayer d’accomplir en 200 jours ce qu’il n’a pas pu faire avant. Mais c’est un personnage profondément pessimiste ce David Smith, malgré son don la moindre embûche le paralyse. Il y a une omniprésence de cette question de la reconnaissance. Il veut se faire un nom, surtout que David Smith est un nom très commun aux Etats-Unis, c’est le nom d’un célèbre sculpteur du 20ème siècle. Un homonyme peut-il lui aussi réussir dans le même domaine ?

C’est une belle réflexion sur notre vision de l’art aujourd’hui, pourquoi un artiste est reconnu plus qu’un autre ? Et ce qu’on est prêt à donner pour un peu de reconnaissance, pour se faire un nom. Cette BD est un vrai chef d’oeuvre qui m’a émue aux larmes.

Le Sculpteur, de Scott McCloud aux éditions Rue de Sèvres (2015) VO : The Sculptor traduit par Fanny Soubiran – 486 pages