Citation du Dimanche : Les Pendules d’Agatha Christie

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Colin Lamb, le fils du superintendant Battle, fait une confidence à Hercule Poirot dans Les Pendules, un roman d’Agatha Christie paru en 1963. Et cette confidence, elle ressemble bien à un aparté d’Agatha Christie en personne.

Tout fils qui se respecte se doit de tremper sa plume dans le vitriol, de recenser toutes les horreurs possibles et inimaginables sur le compte de ses géniteurs et de coucher le tout sur le papier avec délectation.

En 1963, Agatha Christie met en scène un Poirot qui vit dans le nouveau monde d’après la seconde guerre mondiale. Celui-ci est beaucoup moins actif, passe beaucoup de temps à lire des romans policiers et à les disséquer.

Il fait partie de ces vieilles légendes que l’on croit disparue, à tel point que lorsque Colin Lamb vient le voir pour lui parler d’une enquête, Poirot pense que le jeune homme vient lui annoncer son mariage.

On retrouve peut-être là la propre réflexion d’Agatha Christie sur la vieillesse. Se sent-elle devenue inutile ? A-t-elle la sensation que ses livres passent désormais avec une certaine indifférence dans le public ? On peut l’imaginer.

Les Pendules, ou l’expression du temps qui passe et de l’oubli

Pourtant, on garde le même plaisir à lire Les Pendules que n’importe quel autre livre de Poirot. L’intrigue est comme toujours subtilement définie. Et même si avec l’expérience, le lecteur pressent des choses, la surprise est toujours présente.

On voit pourtant Poirot se confier sur ses activités et ses romans policiers qu’il lit avidement. Le crime sur la 5e avenue d’Anna Katherine Green paru en 1878, Les aventures d’Arsène Lupin ou Le Mystère de la chambre jaune sont les classiques immédiatement cités par Poirot.

Il évoque également les livres d’Ariadne Oliver, l’alter ego fictif d’Agatha Christie dans les aventures de Poirot. Il y note d’ailleurs que au fil des années, les aventures que celle-ci écrit sont devenues plus crédibles.

On se prend donc à avoir un peu de nostalgie en lisant ce passage du roman. Il n’est certainement pas facile d’avoir été au pinnacle et de retomber, de son vivant, dans la foule dans un quasi oubli.

Pourtant, la nouveauté ne fait pas tout, et lire un de ces romans bien huilé est toujours un plaisir. Moi je ne m’en lasse pas.