Rainbow Six de Tom Clancy

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Rainbow Six de Tom Clancy est l’un des 17 romans de l’auteur se déroulant dans ce qu’on appelle communément le Ryanverse, à savoir l’univers dans lequel vit Jack Ryan, le personnage emblématique créé par Tom Clancy. Mais Jack Ryan n’apparaît pas dans ce livre, tout juste est-il cité une fois par son prénom. L’histoire, en deux volumes, est centrée sur John Clark que l’on a déjà pu voir dans Danger immédiat et La Somme de toutes les peurs.

Rainbow Six de Tom Clancy
La couverture de Rainbow Six tome 2 aux éditions Le Livre de poche.

Cette fois, alors que le monde se prépare à suivre les jeux Olympiques, des attentats terroristes endeuillent l’Autriche, la Suisse et l’Espagne. À la tête de l’unité spéciale Rainbow Six, qui comprend des agents de divers pays, John Clark, a pour mission d’y mettre un terme. Bien vite, il va se trouver face à un foisonnement d’énigmes. Quelle relation y a-t-il entre ces attentats et les disparitions de jeunes femmes sur lesquelles enquête le FBI ? Quelles recherches mène donc le trust pharmaceutique du Dr Brightling, nécessitant l’installation d’un laboratoire au fin fond du Kansas ?

C’est l’idée de suivre l’action d’une unité anti-terroriste qui m’a poussé à acheter ce livre. Tom Clancy a toujours été reconnu pour l’extrême précision et la documentation frisant la perfection de ces romans. Il faut d’ailleurs rappeler qu’Octobre Rouge, le roman qui a été son premier succès, avait été publié par l’Académie navale d’Annapolis, rien que ça. Rainbow Six était donc une bonne occasion de mieux comprendre le fonctionnement de ces unités, dont on a hélas l’occasion de parler régulièrement au fil de l’actualité.

Rainbow Six de Tom Clancy est informatif

De ce côté on ne peut pas être déçu. C’est une véritable immersion dans l’unité Rainbow dans laquelle on est plongé. Séparée en deux groupes afin que l’un soit toujours opérationnel. Les entraînements quotidien sont fastidieux, répétitifs, mais ne visent qu’un objectif, maintenir les deux groupes au top de leur forme.

Il faut donc courir près d’une dizaine de kilomètres chaque matin pour avoir l’endurance nécessaire à une opération. Il faut tirer une centaine de balles au stand de tir chaque jour pour rester toujours aussi précis. Mais ce n’est pas tout, de nombreuses simulations d’entraînements, à balles réelles sont effectuées. Il y a aussi des exercices tout comme l’investissement de locaux occupés par des terroristes via une descente en filin d’hélicoptère. Moi qui vit pas très loin d’une zone d’entraînement du GIGN il m’arrive parfois d’apercevoir ce type d’exercice.

Tout cela ne vise qu’un objectif, éviter à chaque fois que les otages puissent être victime des terroristes. Tom Clancy n’évite d’évoquer le dilemme qu’on imagine, à savoir tuer les terroristes pour sauver des vies. Un dilemme vécu seulement après l’action. En opération l’hésitation n’a pas sa place, sinon c’est la vie de celui venu sauver les innocents qui est en danger. Rainbow Six pousse bien sûr la réflexion jusque sur les proches de ces hommes qui peuvent tuer pour sauver d’autres personnes, mais qui sont aussi des maris et pères de famille aimants.

Les intégrismes de tous bord critiqués

Trois théâtres d’opération différents, en Suisse, en Autriche puis en Espagne, permettent de voir au coeur de l’action tout ce qui est évoqué par Clancy au fil des pages. Mais comme dans tout bon Tom Clancy, il y a un complot plus vaste qui se trame en coulisse. Cette fois il ne s’agit pas de faire face au communisme ou à l’islamisme mais à l’écologisme. C’est l’entreprise Horizon Corporation qui porte le projet complotiste avec plusieurs dizaines de personnes impliquées pour tuer un maximum de personnes et “sauver la planète”.

Des intégristes d’un autre genre qui mettent leurs idées au dessus de tout, y compris de la loi et de la vie humaine. L’écologisme voit l’espèce humaine comme un parasite qui n’a pas sa place sur Terre. La nature est son Dieu. Une façon de penser inquiétante hélas de plus en plus répandue aujourd’hui. Un nouveau terrorisme qui a aussi pu apparaître après la fin de la guerre froide. Clancy rappelle en effet cette loi naturelle, la nature a horreur du vide, la disparition de l’URSS a ouvert la voie a d’autres idéologies et à l’absence de contrôle sur le marché des armes.

Tout cela est terriblement sérieux, mais Rainbow Six de Tom Clancy nous abreuve d’informations qu’on trouverait bien difficilement sinon. Quand un roman fait mieux que les journaux… Les réflexions géopolitiques et stratégiques sont également intéressantes. Tout cela peut contribuer à changer l’idée bien souvent éloignée de la réalité qu’un citoyen lambda peut avoir. En plus, le suspense est de plus en plus présent au fil des pages et empêche d’arrêter sa lecture, même à une heure avancée de la nuit. Une lecture pour ceux qui n’ont pas peur de voir la réalité en face.