Soleil Vert de Harry Harrison

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Derrière le mythique film d’anticipation des années 70 Soleil Vert, il y a aussi un livre. Harry Harrison a écrit Soleil Vert en 1966. C’est ce livre, intitulé par l’auteur Make Room! Make Room! qui a été adapté au cinéma par Richard Fleischer en 1973.

Evidemment qui dit adaptation dit différences. Si le film reprend l’essentiel du livre, les différences sont également importantes. Mais tout commence de la même façon. On découvre le New York de 1999. Et celui-ci est méconnaissable.

La mégalopole, symbole de la modernité est devenue un immense bidonville.  En effet, la surpopulation mondiale a conduit à un épuisement rapide des ressources. Il a fallu tellement urbaniser que les espaces agricoles sont réduits à leur plus simple expression.

L’eau est rationnée. Les énergies fossiles ont presque entièrement disparues. Plus de pétrole ou de charbon pour faire fonctionner les centrales électriques. Bref, tout ce qui faisait le confort de la vie moderne a disparu pour les contemporains de Soleil Vert. Pour se nourrir, ils doivent se contenter des plaquettes Soylent, vertes à base d’algue, ou marrons créées chimiquement.

Soleil Vert : une élite dans le confort et le peuple dans la misère

Aussi quand une vague de chaleur s’abat sur New York, les tensions montent en flèche. Car pour survivre il faut bien souvent se battre. Hormis pour quelques privilégiés qui arrivent à vivre en ayant conservé un niveau élevé de confort.

C’est ce que découvre Andy Rush, un policier, quand il est appelé dans une résidence huppée où un locataire a été tuée. Ce dernier, Mike O’Brien était un bandit notoire avec des relations dans les hautes sphères. Et il vivait bien. Une belle femme pour l’escorter au quotidien, de la viande aux repas et du vin voire du champagne pour accompagner.

Cet aperçu de la vie qui peut être vécue ne fait qu’ajouter à la colère d’Andy. Et encore lui, avec son emploi de policier ne s’en sort pas trop mal. Mais quand son chef lui met la pression pour trouver le meurtrier de ce bandit notoire d’O’Brien, sa colère monte encore d’un cran.

Il voudrait plutôt féliciter celui qui a fait ça. Alors que le rôle de la police se résume à disperser des manifestations et à maintenir un semblant d’ordre, quand tant de crimes restent impunis, pourquoi le pousser à résoudre précisément ce crime là.

C’est pourtant ce qu’il va tenter de faire, par sens du devoir. Mais Andy n’est pas fou et essaie de profiter de ce qui se présente à lui. Il profite des dernières bouteilles de fin et morceaux de viande d’O’Brien avec Joy, l’escort girl. Celle-ci vient vivre avec lui, dans le minuscule appartement qu’il partage avec le vieux Solomon.

Un livre plus sombre que le film Soleil Vert

Sol est un personnage essentiel du roman. Il est le seul à avoir connu le monde d’avant. Le monde où tout allait bien, où chacun possédait une voiture et mangeait à sa fin. Comme Andy, Sol est en colère. Mais ce n’est pas à cause des injustices d’aujourd’hui, il est en colère parce que la catastrophe de 1999 était facile à prévoir et à éviter. Il suffisait de contrôler les naissances et d’éviter cette surpopulation meurtrière.

En contrepoids au point de vue de Sol il y a un personnage qui n’apparaît pas dans le film, c’est Billy Chung, le meurtrier d’O’Brien. Le jeune asiatique est un enfant de réfugiés qui vit dans un logement de fortune avec sa famille à Shiptown. D’anciens navires de guerres accostés à New York et reconvertis en logements d’urgence… depuis 20 ans.

Shiptown, c’est un ghetto. Pour survivre, il faut voler de la nourriture, parfois même le repas de ses propres enfants. Billy survit donc lui aussi. Il en marre d’avoir faim quand d’autres ont de la viande. Il en a marre d’avoir soif quand  d’autres boivent du vin. Bref, il est en colère.

Harry Harrison dresse un tableau vraiment très sombre de ce New York de 1999. J’ai même trouvé que le livre est bien plus sombre que le film. Car il n’y a pas ici de grand complot à dévoiler. Il y a juste la réalité nue ! L’Homme a tué la poule aux œufs d’Or. La Terre ne sera plus jamais celle qu’elle a été. Survivre est tout ce qu’il sera possible de faire désormais.

A prendre trop de place comme un parasite, l’homme a tué sa planète. Le titre original Make Room! Make Room! prend alors tout son sens.

NOS NOTES ...
Personnages
Histoire
Style
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soleil-vert-de-harry-harrisonJ'avais aimé le film Soleil Vert, et le livre, bien que différent, ne m'a pas déçu. Ici, pas de twist Hollywoodien majeur pour conclure le livre. Mais le message n'est guère différent. Si l'homme ne fait pas attention à son environnement, s'il ne le préserve pas et s'il n'économise pas ses ressources, il pourrait bien tuer son futur. Le message de Soleil Vert reste terriblement d'actualité. Si l'espèce humaine veut continuer de se perpétuer, elle doit apprendre à préparer l'avenir. Très sombre et à la limite désespérant, Soleil Vert a des airs d'apocalypse, sauf que la Terre est devenue l'enfer !

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