Dans le jardin de l’ogre, de Leïla Slimani

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Après avoir lu et adoré le Prix Goncourt de Leïla Slimani, je voulais lire également son premier roman : Dans le jardin de l’ogre. J’ai lu ce roman en une journée. Une journée très particulière…

Résumé :

«Une semaine qu’elle tient. Une semaine qu’elle n’a pas cédé. Adèle a été sage. En quatre jours, elle a couru trente-deux kilomètres. Elle est allée de Pigalle aux Champs-Élysées, du musée d’Orsay à Bercy. Elle a couru le matin sur les quais déserts. La nuit, sur le boulevard Rochechouart et la place de Clichy. Elle n’a pas bu d’alcool et elle s’est couchée tôt.

Mais cette nuit, elle en a rêvé et n’a pas pu se rendormir. Un rêve moite, interminable, qui s’est introduit en elle comme un souffle d’air chaud. Adèle ne peut plus penser qu’à ça. Elle se lève, boit un café très fort dans la maison endormie. Debout dans la cuisine, elle se balance d’un pied sur l’autre. Elle fume une cigarette. Sous la douche, elle a envie de se griffer, de se déchirer le corps en deux. Elle cogne son front contre le mur. Elle veut qu’on la saisisse, qu’on lui brise le crâne contre la vitre. Dès qu’elle ferme les yeux, elle entend les bruits, les soupirs, les hurlements, les coups. Un homme nu qui halète, une femme qui jouit.

Elle voudrait n’être qu’un objet au milieu d’une horde, être dévorée, sucée, avalée tout entière. Qu’on lui pince les seins, qu’on lui morde le ventre. Elle veut être une poupée dans le jardin de l’ogre.»

Un personnage principal que je voulais détester mais qui m’a beaucoup touché

Adèle est marié à Richard et a un enfant, Lucien. Elles les aime tous les deux mais cette vie lui paraît fade. Sa vie quotidienne, son travail, tout est fade au yeux du lecteur également. Pour apporter plus de piquant à sa vie, Adèle multiplie les aventures d’une nuit. Elle les provoque même.
Mais toutes ces aventures ne la rendent pas plus heureuse. Adèle est un personnage insatisfait en permanence sans qu’elle me soit apparu comme désagréable pour autant. Elle aime se sentir désirer par les hommes et aiment provoquer le désir. C’est un désir violent de sa part, viscéral.

Cette volonté autodestructrice m’a fait peur. J’ai eu peur pour le personnage principal tout au long de ma lecture. J’ai surtout ressenti de la pitié car elle semblait passive face à pulsion. Elle ne comprend finalement pas elle-même cette tendance à rechercher la violence dans l’acte sexuel.

Un style violent également

L’auteure ne cherche pas nous plus à ce que le lecteur s’apitoie sur le sort d’Adèle en l’expliquant et le décortiquant. L’écriture de l’auteur est percutant et addictif. Je ne voulais plus lâcher Adèle malgré qu’elle m’ai mis mal à l’aise plus d’une fois. Cela aura été une lecture extrêmement dérangeante qui m’a laissé dans un état de profonde tristesse. Je n’ai donc à aucun moment voulu juger négativement le personnage d’Adèle, c’est ce que l’auteure nous fait transparaître. Elle décrit finalement de manière purement anatomique les pulsions et les actes d’Adèle.
J’aime le style vif et cru de Leïla Slimani autant que dans Chanson douce, son deuxième roman.

Ce roman m’a donc laissé sur de nombreuses émotions contradictoires. Cette lecture ne laisse pas indemne, je l’ai fini il y a une semaine au jour où j’écris cette chronique et je n’ai pas pu me plonger dans une nouvelle lecture.

Dans le jardin de l’ogre, de Leïla Slimani
aux éditions Gallimard (sorti le 28 août 2014)
genre : contemporain
240 pages