La Dame de Zagreb de Philip Kerr

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La Dame de Zagreb est la dernière aventure de Bernie Gunther écrite par Philip Kerr. J’ai maintenant lu toutes les aventures de Bernie Gunther et depuis La Trilogie Berlinoise jusqu’à cette Dame de Zagreb, Philip Kerr nous permet de vivre comme si on y était, le drame de l’Allemagne du XXe siècle.

Cette fois, tout commence sur la côte d’azur en 1956. Ayant enfin retrouvé une vie normale sous un nom d’emprunt, Bernie Gunther profite de son temps libre pour aller au cinéma. A l’écran il y revoit une actrice qu’il a rencontré en 1943. Un flot de souvenirs de cette période lui revient à l’esprit et c’est cette histoire que nous allons découvrir alors.

Une intrigue parfaitement construite

Comme toujours Philip Kerr nous a concocté ici une intrigue très bien ficelée qui s’appuie sur des événements bien réels. En l’occurrence il s’agit ici en point de départ d’une conférence internationale sur le crime organisée à la villa Minoux, à Wannsee près de Berlin.

L’occasion pour Gunther d’y croiser plusieurs personnages qui auront tous un rôle à jouer dans la suite de cette aventure. L’histoire se passe sur deux niveaux. Le premier c’est la projet d’invasion de la Suisse par l’Allemagne nazi. Le second c’est la demande par Joseph Goebbels, ministre de la propagande du Reich, à Bernie Gunther de convaincre une actrice, Dalia Dresner, de rentrer de Suisse en Allemagne pour tourner un film.

C’est vraiment avec maestria que Philip Kerr a réussi à faire de ces deux intrigues une seule et même histoire qui tient la route. Comme toujours elle donne l’occasion à Gunther de rencontrer une galerie de personnages plus vrais que nature. Les nazis qui ne veulent qu’une chose, mettre fin à la guerre. Les nazis corrompus qui ne vivent absolument pas de la manière dont ils veulent que le peuple vive.

La Dame de Zagreb, un amour impossible

Et puis il y a tous les autres. Cela donne l’occasion à Kerr de se pencher sur les massacres perpétrés en Croatie. Ainsi le père de Dalia Dresner n’est jamais que la synthèse de plusieurs oustachis croates qui ont réellement existés et qui ont sans doute commis des crimes encore plus abjects que ceux qu’on peut lire dans ce roman. On y croise aussi le grand mufti de Jérusalem qui s’était rapproché d’Adolf Hitler grâce à sa haine des juifs.

Philip Kerr nous livre aussi une réflexion personnelle amusante de la bouche de Paul Meyer-Schwertenbach, sans doute un pied de nez à ses détracteurs lorsqu’il a commencé à écrire les aventures de Bernie Gunther :

Un détective stupide ? Ça ne pourrait jamais marcher. Le lecteur n’aimerait pas du tout. Cela ressemble beaucoup trop à la vie réelle pour les amateurs de romans policiers. Pour les écrivains également. Personne n’a envie de réalisme, Bernie. On en a déjà suffisamment chez soi en lisant les journaux.On lit des livres pour échapper à la vie réelle, pas pour s’en souvenir. Croyez-moi, le réalisme passe très mal dans la fiction moderne.

Si cette aventure est un peu moins captivante que les précédentes de Bernie Gunther. Cette Dame de Zagreb permet à Philip Kerr de conclure les aventures de notre détective allemand préféré. On y apprend comment il s’est marié et on y découvre un grand amour avec cette Dame de Zagreb. Un amour qui ne pourra finalement  jamais se réaliser.

La Dame de Zagreb est disponible au Livre de Poche. 565 pages.

NOS NOTES ...
Personnages
Histoire
Style
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dame-de-zagreb-de-philip-kerrLa Dame de Zagreb est peut-être un léger ton en dessous des précédentes aventures de La Dame de Zagreb. Mais on y perçoit une mélancolie plus affirmée que précédemment. Sans doute parce que Philip Kerr y signe ce qui ressemble à des adieux au personnage de Bernie Gunther. L'histoire reste cependant de qualité et on y retrouve avec joie le style dynamique et sans fard de Philip Kerr et les répliques savoureuses de Bernie Gunther. Il ne faut vraiment pas se priver de cette Dame de Zagreb.